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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 23:15

 

 

« Une peine, c’est sur quoi on s’appuie, pour aller plus loin, sans quitter la personne qui semble n’être plus. »

(écrit sur un petit morceau de papier par Maud, comme tous les autres textes).

 

Récit de Patrice Tardieu sur le « départ » de Maud Tardieu, sa mère,écrit deux jours plus tard:

Peut-être m’a-t-elle appelé dans la nuit? Toute seule dans le noir?

Qu’aurai-je pu faire?

Au moins lui tenir la main…

Je n’ai rien entendu. Je dormais.

De toute façon le bruit de la rue dans la chambre où je dors est tel que l’on entend pas si quelqu’un appelle…

Je ne me suis douté de rien.

Elle m’avait dit: « A demain, au petit déjeuner, mon Pat. »

Le lendemain matin, je préparais son petit déjeuner. Elle était morte. J’avais ouvert les volets, tiré les rideaux.

J’essaie de la réveiller, elle ne bouge pas, ne dis pas comme tous les matins: « Bonjour Mon Pat », « Tu as bien dormi? », « Comment vas-tu? »

Elle vivait pour moi, avec moi, en moi. Ma seule présence la réconfortait; ma « présence silencieuse » quand je travaillais auprès d’elle, dans sa chambre.

Le soir, on regardait un morceau de film; quand j’allais me laver dans la salle de bain qui restait éclairée à côté , elle était toujours surprise: « Déjà? »(« tu pars? »). J’éteignais la lampe de chevet, je baissais le dossier de son lit. Elle s’endormait pendant que je me rasais. Mais le plus souvent, de l’obscurité résonnait: « A demain; on prendra le petit déjeuner ensemble, peut-être?.. », je répondais: « peut-être… ».

La malle de Maud(5)

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