L’ombre
Texte de Maud Tardieu:
« L’ombre approche sournoisement, cachant les contours, les déformant, rendant suspicieux tout ce qui est enveloppé d’indécision, rendant aux autres un prolongement artificiel, parfois, pourtant, de je ne sais où allongeant démesurément une silhouette. Et l’ombre insidieusement enveloppe un arbre, puis une place, et l’ensemble de l’espace est son repos total. Elle se couche entourant, agrandissant tout sur son passage pour prendre toute place disponible. Elle invite à l’endormissement de tout être vivant. L’ombre monstrueuse a pris toute vie. Elle a sa revanche sur l’éclat du soleil, le bruit, elle est triomphante.
L’ombre se permet d’agrandir, de passer devant, ou de rester en arrière, épousant les contours déformés. Elle ronge, enfle, prend tout sur son passage.
Vous n’êtes plus vous-même, vous lui appartenez. Elle se joue de vous, elle est gagnante. »
La malle de Maud (7)