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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 23:14
L’effacement de l’être, l’inquiétante familiarité-étrangeté, l’effacement de l’âme.
Je suis à côté de Maud, ma maman, moi qui ait été le centre de ses préoccupations depuis ma naissance jusqu’à sa mort. Elle demande : « Où il est mon Pat ? ».C’est ainsi qu’elle m’a appelé, abrégeant mon prénom, Patrice. Elle parle de moi comme si je n’étais pas là; comme si une autre personne était dans la pièce. Je lui réponds : « Mais, c’est moi, ton Pat ». Elle me regarde dubitative. Inquiétante familiarité-étrangeté. Son âme est en train de s’effacer; de disparaître. Je me souviens qu’il en avait été de même avec ma grand-mère maternelle, à la fin de sa vie, elle ne me reconnaissait plus.
Patrice Tardieu
Écrit le jour même qui était celui de son anniversaire.
P.S.: j’entends le mot « âme » dans son sens philosophique, c’est ce qui « anime » le vivant ( « anima » en latin, « psuchè » en grec ); il y a effacement de l’âme progressivement par la vieillesse, effacement de la reconnaissance, des souvenirs, des goûts. L’âme, c’est ce que le mort laisse derrière lui.
N.B.: Les allemands ont un seul mot pour l’inquiétante familiarité-étrangeté : « das Umheimliche », on est chez soi sans l’être.
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