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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 23:33
The fading away of the being, uncanny intimacy, the fading away of the soul.
I am sitting next to Maud, my mother, I, that has been the centre of her care since my birth till her death. She asks : « Where is my Pat ? », that’s the way she called me, shortening my first name, Patrice. She speaks of me as if I was not there; as if someone else was in the room. I tell her: « But it’s me, your Pat ». She looks dubious. Weird uncanny intimacy. Her soul is fading away; wearing off. I remember it had been the same with my maternal grandmother, at the end of her life she did not recognise me.
Patrice Tardieu
Written on the day that was her birthday.
Please note that I take the word « soul » in its philosophical sense, it is what enlivens the living ( « anima » in Latin, « psyche » in Greek ); old age worn out progressively the soul : recognition, memories, tastes disappear. The soul is what the dead leaves behind him.
The Germans have a word for the weird uncanny intimacy : « das Umheimliche »; you’re at « home » (« Heim ») but it’s not « home ».
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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 23:14
L’effacement de l’être, l’inquiétante familiarité-étrangeté, l’effacement de l’âme.
Je suis à côté de Maud, ma maman, moi qui ait été le centre de ses préoccupations depuis ma naissance jusqu’à sa mort. Elle demande : « Où il est mon Pat ? ».C’est ainsi qu’elle m’a appelé, abrégeant mon prénom, Patrice. Elle parle de moi comme si je n’étais pas là; comme si une autre personne était dans la pièce. Je lui réponds : « Mais, c’est moi, ton Pat ». Elle me regarde dubitative. Inquiétante familiarité-étrangeté. Son âme est en train de s’effacer; de disparaître. Je me souviens qu’il en avait été de même avec ma grand-mère maternelle, à la fin de sa vie, elle ne me reconnaissait plus.
Patrice Tardieu
Écrit le jour même qui était celui de son anniversaire.
P.S.: j’entends le mot « âme » dans son sens philosophique, c’est ce qui « anime » le vivant ( « anima » en latin, « psuchè » en grec ); il y a effacement de l’âme progressivement par la vieillesse, effacement de la reconnaissance, des souvenirs, des goûts. L’âme, c’est ce que le mort laisse derrière lui.
N.B.: Les allemands ont un seul mot pour l’inquiétante familiarité-étrangeté : « das Umheimliche », on est chez soi sans l’être.
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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 22:23

Lettre retrouvée de Maud Tardieu à Patrice Tardieu

Grâce à Aurélie, je viens de recevoir une lettre oubliée de Maud :

" Mon Pat,

J’aime les mots, ils ont une grande valeur, ils sont colorés, forts, appliqués, heureux ou tristes.

Ils s’appuient sur la pensée, le geste, ils vont et viennent en exprimant ce qu’il y a en soi de caché, de mystérieux, ils ne perdent aucun son, ils traduisent le souffle, le vouloir.

En les lisant, on les entend; on peut les boire jusqu’à la lie, les retrouver, les étudier, les façonner.

Ils sont là, devant vous, rien que pour vous. Ils exacerbent la réflexion, il faut en eux l’exactitude, le pouvoir de traduire. Ils peuvent toucher, améliorer, subjuguer.

Il faut les prendre, les reprendre, les jeter, les mélanger et les poser sur une pensée; mais les mots n’existent pas dans la souffrance.

Les mots dansent, sautent, jonglent, rapprochent, mais il faut trouver celui qui aura sa faveur. Ils peuvent être soudés, écartés, éclatés, lancés et récoltés, divisés, repris, effacés puis renouvelés.

Ils contiennent pour toi, mon Pat, l’extraordinaire amour d’une maman.

Maman"

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 23:45

Words of Maud Tardieu (2)

Patrice Tardieu : here are again some « folds » of her words with her scattered ashes.

« Without a word that could erase or tone down memories »

« To unite words, intertwine them, shake them, jumble them, then have a look at them, feel them, their glance, their essential being, it’s moving. »

« Words are sometimes hollow, they contain an uncertain black nucleus to those who receive them. »

Maud Tardieu

Remark by Patrice Tardieu : here, words can’t erase the remembrance of things past; but they have their glance on them.

Note du traducteur : pour traduire « atténuer le souvenir » j’ai hésité entre « lessen », « reduce », « fade » et finalement j’ai opté pour la diminution de couleur, « to tone down ».

Patrice Tardieu

Maud’s trunk (19)

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 22:48

Mots de Maud Tardieu(2)

Patrice Tardieu : voici encore quelques « plis » de ses mots avec ses cendres dispersées.

« Sans un mot qui pourrait effacer ou atténuer le souvenir. »

« Réunir les mots, les accoler, les secouer,les donner pêle-mêle, puis les regarder, les sentir, évaluer leur valeur, leur regard, en prendre l’essence, c’est émouvant. »

« Les mots sont parfois creux, ils contiennent un noyau noir incertain vers ceux qui les reçoivent. »

Maud Tardieu

Note de Patrice Tardieu: ici, les mots ne peuvent effacer la recherche du temps perdu, mais ils ont leur « regard ».

La malle de Maud (19)

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 22:24

Patrice Tardieu : here are some scattered thoughts by Maud Tardieu that I have found.

WORDS

« Word, how much can you be flattened, rounded, useless, thrown away, concealed, puffed out, merry; can you be harmful, a gift, a wrench; never can you not be. »

« Words want to say everything, snatch, add, take away, convey, induce all things. »

« Never write an emotion; just a word will erase the slightest fold. »

« Words stay concealed, unknown in their « want to say ». »

«  the inside of a word that knows what it encloses. »

Maud Tardieu

Translated by Patrice Tardieu

Note du traducteur :

La difficulté de la deuxième phrase est de garder la légèreté du français « tout » qui risque de devenir très lourd en anglais, si on traduit par exemple par « all things ». Le verbe « donner » serait trop plat avec « to give »; j

ai hésité entre « to feed », « to entrust » et « to convey » ( finalement choisi ) mais les nuances sont différentes. « To feed »: « nourrir »; « to entrust »: « confier »; « to convey »: « transporter, transmettre des idées ».

La troisième phrase pose problème : « écrire une émotion » est étrange en français, ce serait plutôt « décrire une émotion », mais la phrase devient banale. Jai gardé en anglais cette construction étonnante, dautant plus quil est question des « plis » de lémotion; là encore, cest un mot inattendu. Les deux dernières phrases sont extraordinaires: les mots veulent dire quelque chose mais nous lignorons. Cest le mot lui-même qui sait ce quil y a en lui.

Patrice Tardieu

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 23:20

Patrice Tardieu : voici quelques réflexions éparses de Maud Tardieu que j’ai retrouvées.

Mots

« Mot, comme tu peux être aplati, arrondi, inutile, jeté, tu, enflé, rieur, tu peux nuire, donner, ou arracher, jamais tu ne peux ne pas être .»

« Les mots veulent tout dire, tout prendre, tout ajouter, tout soustraire, tout donner, tout savourer, tout induire. »

« On ne devrait pas écrire une émotion, un seul mot en efface le moindre pli. »

« Les mots restent cachés, ignorés dans leur « vouloir-dire » . »

« L’intérieur d’un mot qui sait ce qu’il contient .»

Maud Tardieu

La malle de Maud (18).

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 23:09

Haze

«  a bride’s veil, the haze went over the rooftops, rounding off the angles, bringing together all the edges, colours, roughness; a soft, calm impression resulted from this cohesion protected by the veil so lightly laid on human constructions, without a fold, without anything that could hold it back here and there, just spread on it, touching slightly houses, trees, gardens. The eyes were at rest and sipped that strange silence. »

Maud Tardieu

Translated by Patrice Tardieu

Note du traducteur: je traduis « le brouillard » par « haze » car il s’agit non du « fog » londonien mais de la brume de la Méditerranée après une forte chaleur; ce n’est pas non plus l’humide « mist » du matin sur les champs.

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 22:58

Le brouillard

« Comme un voile de mariée, le brouillard survolait les toits, arrondissait les angles, rassemblait en un seul trait tous les contours, les couleurs, les aspérités; un effet doux, calmant, ressortait de cet ensemble protégé par cette étoffe si légèrement posée par-dessus les créations de l’homme, sans un pli, sans prises pour le retenir de-ci de-là, juste disposée, effleurant à peine maisons, arbres, jardins. Le regard se posait rassuré et goûtait cet étrange silence. »

Maud Tardieu

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 22:57

Note by Patrice Tardieu: I forgot to write down the following translation I made of « Then life goes on », it is nearly at the end:

« Death consist in loosing the sight of them [ the deceased ], but what had been felt stays and helps you to endure the real sight; their survival is in you, around you; you continue living with them ».

Maud Tardieu

Here is the keywords of this text by Maud Tardieu which shows that the love of the deceased continues to sustain you in your life:

Life that goes on, time imparted to you, your being slowly erased, changes of everyone, to know it right from the beginning, to fulfil what you have set your heart on, an eternal memory, death brings you peacefulness and quietness, to stay in the mind of others, learned everything, achieved your journey on earth, all emotions have been carried out, to have accomplished that for which you came, time goes by, death is not anymore a grief, to pluck what is best, not to stay doing nothing, to live all you wanted to live, no fear anymore of death, to have loved and been changed, to have everything, to be one with the one you have chosen, to create what follows and the memory, now you can go, peaceful death, death alike love by sublimating an end as far as suicide, the total gift of oneself, it’s a complete love, doesn’t touch even lightly this received happiness, death is a extreme feeling and becomes a question, the presence of those we loved will always stay in the folds of our life, the dead woman brings a supernatural and thorough fond love never forgotten, it’s a support till the end of your life, when those we have loved fade away from life, near you, in yourself, they still tell their lives with their words, you are forever surrounded by them, loosing the sight of the deceased, what has been felt stays, to endure the real sight, their survival in you, around you, to continue to live with them, the love of your parents, of your child, different moving impressive disconcerting love which make you become a human being living full of emotions, the love of the deceased.

Key names: Patrice Tardieu, Maud Tardieu.

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