Le blog de maud.tardieu

Mots de Patrice Tardieu

Présentation par Patrice Tardieu:

Je viens de retrouver, écrit directement par Maud, les paroles d’attachement mutuel que Véronique, dans un courrier, a intitulé «　Quelle magnifique rencontre d’amour　!» et que j’avais précédemment évoquées.

Texte de Maud Tardieu:

«　Mots de Pat, 9 ans.

Resté avec son père un mois seul, sans moi, en Angleterre, à Hamstead Heath, un soir, revenue à Londres, je le couchais pour qu’il dorme sa nuit, et, venue l’embrasser, il me dit: "Maman, je ne veux plus jamais fermer les yeux, je veux te regarder tout le temps".　»



La malle de Maud (10)

A Patrice Tardieu de la part de Julien:

"Cher Patrice,

Je suis allé voir le blog de maud tardieu.C'est très émouvant.
Les évènements surviennent quand on ne les attend pas.Alors, pour mieux se préparer à ce qu'on n'attend pas, il vaut mieux anticiper et se dire que peut-être demain ne sera pas comme hier.
Je me le dis tous les jours quand je quitte ma mère de la maison de retraite où je vais la voir.
Les matheux diront qu'il n'y a pas continuité de la vie car il y a un saut mais il y a continuité de la mémoire dans laquelle on peut puiser beaucoup d'énergie.
Je me souviens du décés de mon père , un vendredi, à l'hôpital, à 87 ans.Il y était  depuis une semaine.
Il est mort attaché( pieds et mains), lui qui avait toujours vécu libre comme l'air dans ses vignes.
Probablement que l'équipe soignante n'avait pas trouvé d'autres moyens pour gérer la situation.
J'aurais préféré qu'il parte en paix, dans sa maison, là où il avait toutes ses racines.Peut-être lui auraient-elles servi pour respirer un peu plus d'air.
Enfin cela me laisse un remords, tout comme celui de ne pas avoir su prendre le temps d'interroger son compagnon de chambre qui aurait pu me parler des circonstances de son décés.
Mon deuxième remords est de ne pas lui avoir parlé le jour précédent.
 J'ai fais un bref passage dans sa chambre, il s'est retourné vers moi, j'ai vu une larme dans ses yeux.Je pensais que la situation allait s'arranger.Aurait-il pu parler?
Je ne crois pas que, les jours précédant son décés, il arrivait à parler à ma mère.
Il sera parti sans un témoin qui puisse dire ce qu'il avait vécu.
Mon troisième remords est de ne pas l'avoir vraiment aidé quand j'étais jeune prof sur le plan matériel. Certes, un jeune prof (certifié à l'époque ) n'a pas beaucoup de moyens, mais il y avait la place de faire mieux.
Comme dit la chanson: "Quand on est jeune, on n'a pas le coeur assez grand".
Voilà les quelques réflexions que suscitent en moi les textes que je lis sur le blog de ta maman.
Bien cordialement.
Julien"

A Patrice Tardieu de la part de Nicole:"Patrice,

OUI tu dormais lorsque ta maman est partie...Mais crois moi - si elle t'avait appelé- tu l'aurais entendue...votre "communication" était
si profonde si en osmose , que tu te serais réveillé. Non, je crois qu'elle est partie sereine, en dormant, comme elle le méritait. Tous ces derniers
moments que tu décris, ces "rites" du soir, le petit déjeuner du matin, les lectures, les "échanges" ...l'avaient rendu tellement heureuse. Elle pouvait
partir tranquillement, peut être avec un sourire en te disant "adieu" au "au revoir" (selon ses  croyances). Je comprends ton chagrin, ce vide immense
que tu vas devoir combler : mais tu n'es pas seul, et tu as la philo.... Moi ma solitude est réelle; jamais je n'ai vraiment été jusqu'au bout des choses;
(trop de peur , trop de" manques" pour CROIRE en moi ?) la seule exception ce sont mes enfants qui sont mon plus grand amour. L'amitié avec
Maud fut un magnifique moment de ma vie. Jamais je ne l'oublierai. Je t'embrasse. Nicole
(sais-tu la "chance" que tu as eu d'avoir été Tellement aimé ?)Oui je sais.

Mummy

Keyword: to have, life, empty, void, useless, tedious, dull, ironical, without any aim, nothing, having a child, a being, you have made, to stir, to be only one, to be responsible, joy, sadness, the present hour, the absolute uselessness, to be, to promise, to talk, to go far away, to savour the minute, to invent, to laugh, to cry, to be there, to be everything, me, my thought to linger round him , mummy, a mother, to be a mother how lucky, no gift as precious, as strong inside you, as bewildering, as confounding, so yours, a woman, to have any complete gladness, otherwise a life confined to herself, not given, that does not radiate, the burning tie , the burning thread, indestructible between oneself and your son, only a mother has it.

Letter of Maud Tardieu to Patrice Tardieu, her son:

«　If I hadn’t you, my Pat, my life would have been empty, useless, tedious, ironical and without any aim. Nothing compares like having a child. It’s a being you have made, who has stirred in you. You are only one. That for which you are responsible, between joy, sadness, the present hour, never the absolute uselessness.

I am, I promise, I talk, I go far away, I savour the minute, I invent, I laugh, I cry, and you, my Pat, you are here, and it’s everything, for me.

I like my thought that lingers round you.

Mummy.　»

Other texts by Maud Tardieu:

«　a mother, how lucky to be a mother, there is no gift as precious, as strong inside you, as bewildering, so yours.　»

«　How can a woman have any complete gladness when she did not have any children. Life is confined to her. It is not given, it does not radiate.　»

«　This burning tie, indestructible between oneself and your son, only a mother has it.　»

Note de Patrice Tardieu sur la traduction:

Je traduis «　qui a vibré en vous　» par «　who has stirred in you　» car le verbe «　to stir　» a toutes les harmoniques: «　remuer　»,　«　mouvoir　», «　émouvoir　»…